L’absence ou le malheur d’aimer

Maria Berlioz distille l’encre des maux d’amour

Maria Berlioz est passionnée d’Aragon qui « dit les choses essentielles ».
Accompagné de lectures lors du vernissage, le travail envoûtant de Maria Berlioz inonde la galerie Test du Bailler par l’absence de l’être aimé, avec une série d’œuvres inspirées du recueil du poète Louis Aragon, « Le crève-cœur ».
L’artiste affectionne particulièrement les écrits du poète rédigés durant la seconde guerre mondiale où il fût mobilisé sur le front en tant que médecin auxiliaire. Séparé de son grand amour, Elsa Triolet, le poète laissa ses mots s’écouler au rythme des battements d’un cœur meurtri par les atrocités dont il est témoin.
Suite à la perte de celui qui lui a offert ce recueil, Maria Berlioz a voulu traduire par ses œuvres une atmosphère vibrante, que le visiteur perçoit en pénétrant tour à tour dans les deux parties de l’exposition : on d’abord marqué par ces grandes linogravures en noir et blanc imprimées sur des draps, qui évoquent la fragilité d’un couple en souffrance et la puissance de l’étreinte impossible… Puis des images et des mots répétés, en série, des phrases dé-fragmentées que le visiteur reçoit en désordre pour mettre son cœur à l’unisson des émotions d’Aragon. Une effusion de sensations jetées sur les murs résonnent dans notre esprit, subitement invité à accueillir la puissance du langage poétique et la force d’une plume artistique à fleur de peau.

Gaëlle Bardin