Une esthétique de la rupture
L’ Autre. Il y a une logique entre l’exposition précédente et celle-ci. L’une n’est-elle pas la conséquence de l’autre ?
Elle interpelle chacun de nous. Toi qui te donnes tout entier à ton entreprise laquelle te vire du jour au lendemain !
Et toi qui aimes au point d’en perdre tout jugement !… Toi qui craques, toi qui dis “basta”, “stop” !…
Ce jour, ce soir à la tombée de la nuit, tu t’allonges sur le trottoir, tu as trop bu, et tu tends la main,…syndrôme de la première pièce… Les gens sont sympas… Faux espoir… Peut-être que je peux en vivre… La rupture s’instaure, elle est définitive… Maria Berlioz donne la parole à ces hommes et ces femmes qui basculent et tombent ; elle leur prête des propos, peut-être sont-ils également les siens, ceux de sa vie intime, les troubles qu’elle traverse alors qu’elle conçoit cette exposition, mais qu’importe, tout artiste nourrit ses personnages de ses amours, de ses brisures secrètes.
Maria Berlioz offre une galerie étonnantes de collages, un jeu de miroirs, quand “je” devient complètement “autre” tant on ne se reconnaît plus en soi-même, misère et déchéance en reflet ; par delà la force du propos sur la détresse, s’exprime une maîtrise hors-pair. Certains personnages semblent comme sortis d’un film, acteurs de la tragédie sociale, ces hommes à terre rêvent encore, tel celui voyant passer le personnage à l’écharpe rouge et qui s’écrie : “Mon cœur s’agite, c’est la passion, je panique, je la fuis;”. Pour chaque image, une réplique qui illustre au plus juste le moment vécu.
Et on ne peut qu’admirer le travail de Maria Berlioz sur la typographie qui confère à ses textes une très grande beauté.
C’est très original artistiquement et sublime humainement. Plus que tout autre, L’Autre exprime la rupture.
Peut-être n’a t-elle jamais atteint une telle maîtrise, mêlant l’art du collage et la force du propos juste et incisif dans la forme, que dans cette exposition.